La consommation d’argile et de terre (la géophagie) se rencontre chez de nombreuses espèces animales. Et les humains ne sont pas en reste. En effet, des quatre coins du monde, on rapporte des groupes de population qui consomment de l’argile. Cette habitude était déjà signalée dans les civilisations anciennes de la Chine, de la Grèce et de l’Egypte. Dans les supermarchés africains, de petits rouleaux d’argile côtoient le sucre et les noix. On connaît moins bien les habitudes de géophagie chez les oiseaux. On sait surtout des perroquets et des pigeons qu’ils absorbent des minéraux du sol mais on parle également de cette habitude chez les gallinacés et les oiseaux chanteurs. Tout le monde connaît les images de grandes colonies d’aras et autres perroquets prenant plaisir à lécher de gros blocs d’argile sur les collines de l’Amazone. La caractéristique commune de la plupart des oiseaux géophages est que leur alimentation se compose principalement de végétaux. Selon les connaisseurs, l’absorption d’argile pourrait bien s’avérer plus bénéfique à la santé que ce que l’on suppose.
Les scientifiques cherchent encore à expliquer pourquoi les oiseaux mangent de la terre ou de l’argile. On admet généralement les trois raisons principales suivantes de cette habitude chez les oiseaux : la consommation de grit pour broyer les graines, l’apport de minéraux et la neutralisation des toxines alimentaires. De nombreux oiseaux mangent de petites pierres dures qui permettent d’écraser finement les graines qu’ils consomment. C’est surtout le cas chez les gallinacés et les pigeons. Chez les psittacidés, cela ne semble pas être la raison principale, car de nombreux perroquets d’Amérique du sud optent pour les minéraux argileux les plus fins.
Une autre raison expliquant la géophagie est l’absorption des minéraux et des oligo-éléments indispensables. De nombreux régimes végétaux manquent surtout de sodium. Or le sodium joue un rôle important dans une série de fonctions
corporelles vitales, notamment dans le maintien de l’équilibre osmotique, la transmission nerveuse, etc. Dans la nature, les perroquets consomment des éléments nutritifs à très faible teneur en sodium. Des études effectuées au Pérou ont démontré que les oiseaux à alimentation peu saline recherchent les blocs d’argile présentant les plus fortes concentrations en sodium.
De nombreuses plantes produisent des substances toxiques ou amères, qui sont leur protection naturelle pour éviter de se faire dévorer par des animaux. Bon nombre de ces toxines sont connues depuis la nuit des temps: la caféine, la
nicotine, les tannins, la digitaline, la cocaïne, l’opium, etc. L’ingestion de fortes concentrations de ces éléments chimiques végétaux peut être fatale pour l’animal. La plupart de ces toxines se présentent sous forme de graines ou de fruits pas mûrs, qui forment une part importante de l’alimentation des perroquets. L’absorption d’argile protège les oiseaux contre ces toxines. Les types d’argile examinés neutralisent la plupart des toxines végétales qui ne peuvent dès lors nuire aux oiseaux qui les ingèrent.
Une étude récente (Donald Brightsmith, Rainforest Expeditions) a prouvé que l’ingestion d’argile par les perroquets dans la forêt amazonienne présentait un caractère saisonnier très marqué. Contrairement à ce que l’on croit généralement, les consommations les plus importantes d’argile ne coïncident pas avec le changement des périodes climatologiques (saison des pluies – saison sèche) ni avec la disponibilité de certains fruits. La plus forte consommation d’argile correspond à la période de reproduction, surtout au moment où les oisillons doivent être nourris. L’examen du contenu du jabot de bébés perroquets de 3 à 4 semaines a révélé la présence d’argile chez la plupart des jeunes.
Étant donné la croissance rapide au cours des premiers jours/ semaines de leur vie, les jeunes oiseaux consomment une quantité très élevée de nourriture durant cette période, et par conséquent, ils ingurgitent également de nombreuses toxines végétales. Les jeunes oiseaux absorbent de ce fait bien plus de toxines végétales que les perroquets adultes. Il semble donc que les adultes donnent à leurs jeunes une grande quantité d’argile pendant cette phase importante de leur vie pour leur assurer une résistance contre les toxines naturelles présentes dans leur alimentation. En effet, l’argile dans leur alimentation protège les jeunes oiseaux contre les toxines végétales et stimule le système digestif.
Et l’argile reste aussi fortement recommandée chez les perroquets et perruches de cage ou en volière. L’argile ne protège pas uniquement des toxines végétales mais également contre les toxines produites par les moisissures. Elle neutralise aussi certains métaux lourds et pesticides nocifs. L’argile exerce en outre un effet régulateur sur le système digestif et peut par conséquent s’utiliser comme moyen efficace et sûr pour combattre la diarrhée.
Dr. G. Werquin
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