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Shanlung et Tinkerbell (traduction)

Démarré par kétile, 21 Décembre 2011 à 01:10:10

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kétile

Bonjour,

La 1ère fois que j'ai entendu parler de Shanlung, c'était il y a quelques mois, sur ce forum.
Il a un blog et post de nombreux textes, sous forme de journal, décrivants ses expériences, ses voyages, sa vie avec ses animaux, principalement des chats et des oiseaux.
Shanlung est asiatique, je ne sais pas de quelle origine exactement. Ce que je sais c'est qu'il est très cultivé, a beaucoup voyagé, est très ouvert d'esprit et a un véritable don pour raconter les histoires.
Comme tous ses textes sont en anglais, j'ai décidé, avec sa permission, de vous en traduire quelques uns qui , je l'espère, vous intéresseront. 
tout ce qui est en italique est ce que je rajoute pour plus de compréhension, le reste est la traduction, le talent en moins, de son journal.

Quand j'ai commencé à lire des extraits du journal de Shanlung, je commençait à entrainer Mauresque, mon grand alexandre, avec l'aide de Jerk, dans le but de lui faire faire du vol libre.
Les textes de Shanlung, en plus de raconter de superbes histoires vécues sont toujours illustrés de magnifiques photos de ses oiseaux et notamment de ses gris en vol libre.
Le 1er échange que j'eus avec lui sur ce forum concernait une mise en garde qui revenait de façon récurrente au début et à la fin de tous ses textes


"S'il vous plait, ne faites pas ce que vous me voyez faire.
Le vol libre est vie et mort. S'il vous plait, ne faites pas ça sans avoir les connaissances indispensables car vous risquez la perte et la mort de votre oiseau"

Le 1er texte de Shanlung que j'ai lu continuait ainsi:

"Quel que soit votre choix, un perroquet n'a pas besoin de faire du vol libre. Lui permettre de voler à l'intérieur lui apportera 95% du bien-être que le vol peut lui apporter.
Permettre à votre oiseau de voler avec un harnais et une laisse, peut peut-être encore ajouter 4.9% à ce bien-être.
Ceci dit, le plaisir intense que ressent celui qui fait voler son perroquet à l'extérieur est indicible.
Si vous vous êtes bien préparés en faisant d'abord voler votre oiseau dans des conditions de "semi-liberté" (par exemple, dans de grands endroits fermés), puis avez fait quelques pas prudents à l'extérieur avec un harnais et une courte laisse pour habituer l'oiseau à ce nouvel environnement, cela minimise les risques.
Les véritables vols avec harnais ne devraient intervenir qu'après un entrainement minutieux de l'oiseau dans des conditions très diverses: vents forts, de face, de côté... Et après lui avoir appris à voler de bas en haut et de haut en bas.
Ne faites pas de vol complètement libre. Les 0.1% de bénéfices que cela apporteraient à votre oiseau sont bien insignifiants par rapport au cauchemar que vous vivriez si les choses tournaient mal.
Vous savez que j'ai fait du vol libre avec mes oiseaux, cela ne m'empêche pas de dire et redire que le vol libre est dangereux, extrêmement dangereux, avec n'importe quelle espèce de perroquet et qui plus est avec un gris.
Si le vol libre n'ajoute que 0.1% de bénéfice à votre oiseau, en revanche, l'adrénaline que VOUS ressentez est immense. Cela revient à "vivre dangereusement".

Après avoir lu ceci, je me disais qu'il était facile de dire faites ce que je dis et pas ce que je fais, d'autant plus que je voulais vraiment entrainer mon oiseau au vol libre consciencieusement, avec l'aide d'un spécialiste qui suivait nos progrès.
Du coup, je lui posai la question de savoir pourquoi, si le bénéfice pour l'oiseau était si faible et le risque si grand, avait il fait du vol libre avec son gris.
Il me répondit par d'autres questions:

"Pourquoi certains escaladent ils des montagnes sans cordes, pourquoi d'autres escaladent ils l'Everest sans oxygène ou sautent en base-jump de ponts ou de buildings ??? "
Pour moi, cette réponse n'était pas complètement satisfaisante et je commençai à lire d'autres histoires contenues dans son journal.
Ainsi je commençai à mieux le comprendre, ses textes soulevant souvent des questions différentes et intéressantes.

Shanlung eut son 1er perroquet, une jeune grise d'import nommée Tinkerbell, en Mai 2002.
A cette époque, il vivait à Taïwan pour son travail.
Assez vite, il écrit sur un forum consacré aux perroquets. A  cette époque, il apparait que beaucoup de gens coupent les plumes de leurs perroquets et ne leur permettent même pas de voler à l'intérieur. Il fut une sorte de pionnier lorsqu'il chercha un grand endroit clos afin de faire voler Tinkerbell dans un lieu plus vaste.
Puis, il mit au point un harnais afin de lui permettre de la sortir, de l'emmener partout avec lui et de la faire voler dehors.
Après 3 ans passés à Taïwan, Shanlung du quitter l'ile et à cause de lois sanitaires, il dut laisser Tink à un excellent ami, Mr YU.
Chaque année, il revenait avec sa femme Joy à Taïwan pour lui rendre visite.
Le 1er texte que je veux vous traduire se passe en Décembre 2007, lors d'une de ces visites.



TINKERBELL: Perdue et trouvée


26 décembre 2007:

C'était une magnifique matinée, nous avons pris la route en moto tous les 3 (lui, sa femme Joy et Tinkerbell qui était habituée à faire de la moto perchée sur le guidon).
Nous sommes allés prendre un petit déjeuner, composé de riz gluant et de porc, à mon endroit préféré. A un moment, je me suis levé et en revenant j'échangeai quelques mots avec la propriétaire des lieux que je connaissais bien.
Tinkerbell dut trouver que je ne revenais pas assez vite à son goût et je fus stupéfait lorsque dans un courant d'air Tink atterrit sur mon épaule.
D'ordinaire, lorsqu'elle était sur la moto (ou tout juste descendue), la laisse attachée au harnais était toujours très courte, enroulée autour d'un morceau de bambou servant de bobine.
L'ensemble faisait environ 1kg et je ne pensait pas qu'elle put voler avec un tel poids, même en cas de panique avec l'énergie supplémentaire provoquée par l'adrénaline. Elle ne semblait d'ailleurs pas du tout paniquée et voulait juste venir me voir.
J'avais lu quelque part que les rapaces ne pouvaient pas porter plus que leur propre poids, j'étais donc très surpris que Tink ait soulevé environ 2 fois son poids même sur une courte distance mais je ne me suis pas inquiété et étais même assez fier d'elle.
Avec le recul, j'aurais du prendre cet avertissement très au sérieux, ce que je n'ai pas fait.

Avec ce beau temps, nous décidons d'en profiter pour aller jusqu'au temple de BanTienYen, un endroit magnifique avec de monumentales statues de bronze représentant des divinités. Un peu plus haut sur la route, un petit pavillon dominant la vallée accueillait les promeneurs.
Nous étions à environ 700m d'altitude, dans le massif montagneux d'Alishan.
Nous nous sommes installés dans le petit pavillon sans murs, ouvert d'un côté sur la vue magnifique et de l'autre sur la petite route.
Je demandai quelques rappels à Tink, de 15m puis 25 et 35m, tous très bons.
Puis avec elle sur l'épaule, je marchai un peu pour admirer le paysage.
Cet après-midi idyllique tirait à sa fin. C'était l'hiver, les journées étaient courtes, c'est pourquoi nous avons décidé de partir pas trop tard afin de pouvoir nous arrêter quelques instants admirer les gigantesques statues de bronze en redescendant.
Je posai Tink sur son perchoir/bobine sur un banc pendant que nous rangions nos affaires sur la moto.
Juste à cet instant, un puissant fracas se fit entendre sur la route derrière nous, Joy et moi avons vivement tourné la tête pensant qu'il s'agissait d'un accident de voiture. Une fraction de seconde après ce qui n'était qu'un bruyant camion qui passait, le bruit du bambou/perchoir tombant sur le sol nous fait à nouveau nous retourner pour voir Tink s'envoler par dessus la balustrade du pavillon. La chute du perchoir fit sauter l'élastique qui retenait la bobine, donnant à Tink des mètres et des mètres de "ligne". De plus, je savais depuis le matin même qu'elle pouvait voler avec le poids du bambou. Je la vis tourner au niveau de la cime des arbres, légèrement en dessous du niveau de la balustrade du pavillon.
Elle se posa sur une haute branche d'arbre situé à environ 45m dans une pente escarpée, impossible à atteindre. Je l'appelai en espérant qu'elle revienne mais j'eus peur que la corde ne se soit emmêlée.
Je dis à ma femme de rester au pavillon et de parler à Tink, moi je pris la moto pour redescendre par la route et essayer de rejoindre l'arbre. Je descendis environ 800m puis je vis des sentiers qui semblaient se diriger vers Tink, je les essayai tous pour découvrir qu'ils ne menaient pas dans la bonne direction.
Finalement, je décidai de couper à pied à travers bois.
La pente était très raide (40/45°) et de gros rochers menaçaient de se détacher.
Les arbres étaient assez grands et impossibles à escalader, les 1eres branches se trouvant à plus de 15m du sol.
Je criai à ma femme qui voyait Tink et pouvait m'entendre de m'indiquer la direction à prendre. Il y avait des ravins, des trous profonds, des ronces et des branches cassées.
Je glissai et tombai. Je dus m'arrêter pour récupérer un peu. Finalement, je réussis à trouver l'arbre avec Tink sur sa branche.
Elle était environ à 18m de haut. Elle m'appela quand elle me vit. La ligne était emmêlée aux branches mais j'espérai qu'elle dispose d'une longueur suffisante et qu'elle use de la force montrée le matin même pour se dégager mais quand je l'appelai, la corde devait l'entraver car elle n'essaya même pas de venir.
Il était 16h30, je savais que le jour allait vite tomber.
Nous ne pouvions pas téléphoner et la ville était à plus d'1h de route. Je restai au pied de l'arbre à lui parler puis la nuit commença à tomber. Je lui dis que je reviendrais le lendemain et lui promis de la faire descendre de là.
Je rejoignis Joy au pavillon et nous avons repris la route de la maison de YU. En arrivant, je lui expliquai la situation de Tink.
Rien de plus ne pouvait être fait pour le moment si ce n'est mettre un plan en place afin de la récupérer le lendemain.


Souriez, demain sera pire !!

kétile

#1
27 décembre 2007


Le réveil sonna à 4h du matin. A 5h30, nous étions au pavillon.
Joy et moi étions inquiets pour Tinkerbell.
A 6h, aux 1ère lueurs de l'aube, j'étais au pied de l'arbre et lorsque j'aperçus le rouge de sa queue, je fus soulagé.
Je l'appelai, elle répondit puis je me mis à lui parler doucement pour la rassurer.
Les pompiers que nous avions appelés, ne s'estimèrent pas  assez équipés surtout vu l'endroit plus qu'accidenté où se trouvait l'arbre de Tink et ils ne se déplacèrent même pas.
La matinée avançait et je compris que ça allait être à moi de la sortir de là.
En regardant avec des jumelles, je pouvais apercevoir une partie de le ligne attachée à son harnais.
Je retournai à la route pour aller aux nouvelles. YU me dit que du secours devait arriver en début d'après-midi. Je lui dis que j'avais une idée et que j'allais tenter quelquechose.
Je redescendis en ville, à la boutique d'articles de pêche où j'expliquai ce que je voulais. Mon idée était de catapulter une autre ligne autour de celle de Tink afin de la faire tomber et d'en démêler une partie.
Il me fallait un genre de "catapulte" où plutôt de lance-pierres, dui plomb de différentes tailles et 100m de fil de pêche.
Je retournai alors au pavillon pour expliquer mon plan à ma femme. Il était 13h, j'étais tellement excité que je n'avais rien pris à manger, j'allais le regretter.
A 13h30 j'étais de nouveau au pied de l'arbre. Il fallait que je parvienne à lancer le fil de pêche, lesté par du plomb, directement autour de la ligne de Tink.
J'étais debout, dans une pente à 45°.
J'essayai quelques tirs, juste avec des plombs plus ou moins lourd afin d'estimer quelle taille conviendrait le mieux. Tous paraissaient convenir.
J'attachai la ligne à un plomb et commençai à tirer en l'air mais les branches mortes, les broussailles et les racines qui jonchaient le sol bloquaient la ligne quand je tentais de lancer mon plomb.
Je dus nettoyer le sol avant de réessayer. Ce n'était pas facile. Je regrettai de ne pas avoir acheté ce repas, la faim ne m'aidait pas.
Je tirais à travers les branches et réessayais de nombreuses fois. La ligne s'emmêlait parfois, je devais la couper et recommencer.
Je commençais à m'inquiéter pour la quantité de ligne que j'allais devoir jeter.
Soit je ratais carrément mon tir, soit les plombs frappaient les branches autour de Tink et je craignais qu'ils ne ricochent sur elle.
A un moment, je fis le tir parfait et je vis ma ligne passer par dessus celle de Tink. Maintenant, il fallait que le plomb redescende de l'autre côté, ainsi je pourrais l'attraper et faire descendre la ligne de Tink.
C'est alors que je me rendis compte que j'avais utilisé un plomb trop léger pour retomber de l'autre côté. J'essayai encore et encore mais la fatigue aidant, je n'arrivais plus à rien.

Vers 14h30 j'entendis un appel venant de la route en contrebas. C'était Mr Leow, un ami fermier qui vivait dans les environs. Il était le seul à pouvoir m'aider.
Je descendis jusqu'à la route pour le guider. Je sentis mon cœur s'arrêter de battre quand je vis qu'il amenait juste une perche de 2m avec une lame de faucille fixée à une extrémité. Je lui dis que sa perche était trop courte. Il me montra alors qu'elle était télescopique avec une série de tubes imbriqués les uns dans les autres.
Je souris, pensant qu'il avait une chance. Peu de temps après, nous étions au pied de l'arbre.
La perche, une fois déployée, pouvait tout juste atteindre la partie de la ligne située tout près de Tink. A défaut de pouvoir faire descendre sa ligne, nous pouvions la couper.
Plus tôt, je n'aurais pas accepté de couper la ligne de peur que Tink prenne peur et ne s'enfuie vers un autre endroit inconnu, ce qui aurait été un cauchemar.
J'étais affaibli par le manque de nourriture. Mr Leow me demanda si on devait couper la ligne de Tink. Je n'étais pas sûr. Et si l'aide attendue arrivait enfin. D'un autre côté, je ne voulais pas que Tink reste piégée plus longtemps. L'écorce de l'arbre était arrachée autour du tronc, montrant que Tink avait du chercher à se nourrir.
Je devais prendre une décision, la lame était tout près de Tinkerbell. Je pris une profonde inspiration et, en espérant qu'elle ne panique pas, je dis à Mr Leow de couper, ce qui fut fait dans l'instant.
Tink du se sentir libérée à cet instant et à mon grand soulagement elle vola 2m, jusqu'à une branche de l'arbre voisin.
Je remerciai Mr Leow, lui disant que tout irait bien maintenant et lui demandai de partir au cas où sa présence effraierait Tink et l'empêcherait de voler jusqu'à moi.
Après son départ, je me remis à parler doucement à Tink. Il était environ 15h et la lumière commençait déjà à baisser.
Je voulais qu'elle vole jusqu'à moi où je l'aurais mise dans une taie d'oreiller, prévue à cet effet, afin de la ramener dans sa cage de transport, attachée à la moto.

Elle était aussi haut qu'avant, à plus de 15m et j'étais presque juste en dessous d'elle. Je savais que le meilleur angle pour qu'elle vole jusqu'à moi était de 45° environ.
J'essayai donc de me positionner mais la forêt était très dense et le terrain difficile et je me retrouvais hors de sa vue.
Il y avait des trous et des ravins et je dus retourner au pied de son arbre et continuai à lui parler.
De temps en temps je criai pour tenir ma femme, restée au pavillon, au courant de ce qui se passait.
J'étais de plus en plus nerveux. Tink ne bougeait pas de sa branche. Je sortis mes jumelles, j'aurais aimé en avoir de meilleures. Je regardai vers Tink et bien que la corde ait été coupée très court, j'eus l'impression qu'elle était encore coincée. C'est à ce moment qu'une branche morte craqua et Tink s'envola à nouveau. Elle n'était donc pas coincée comme je l'avais cru.
Elle ne paniqua pas et s'envola 15m plus loin jusqu'à un autre arbre en contrebas mais comme elle avait maintenu son altitude, elle était maintenant encore plus haut,; à environ 25m du sol.
Je descendis pour être avec elle mais je ne pus toujpours pas trouver cet angle à 45° qui aurait été plus pratique pour elle.
Je l'appelais encore et encore, je secouais la boite de graines de tournesol en lui promettant plein de bonnes choses à manger.
Je fus surpris qu'après plus de 24h, elle n'eut pas assez faim pour voler jusqu'à moi. Je lui montrais la bouteille de jus d'orange aussi.
Elle se lissa les plumes, parut prête à s'envoler et recommença à se lisser les plumes. C'était si frustrant.

J'étais inquiet, très inquiet. Il se faisait tard.
Je criai à ma femme de descendre les 800m de route jusqu'à l'endroit où était garée la moto.
Le jour tombait très vite. Ma femme, à l'entrée de la forêt, me criait de revenir mais j'espérais toujours que Tink allait se décider à me rejoindre. Je dis à ma femme que je voulais attendre que la nuit soit tombée complètement, ainsi Tink ne bougerait pas jusqu'au lendemain. Ainsi, demain je serai là à l'aube et après 2 jours sans nourriture Tink viendrait certainement.
Il était de plus en plus difficile de la voir, on distinguait juste sa silhouette. Je criai à Joy que j'arrivais.
Alors, à ma grande surprise, Tink pris peur et s'envola dans un puissant battement d'ailes. Je criai à ma femme de la suivre des yeux. Elle la vit passer au dessus de sa tête et traverser la route vers la forêt, de l'autre côté.
Quand je rejoignis Joy, elle me dit qu'elle avait vu 2 formes sombres avec des queues touffues, bondissant dans les branches en direction de Tink.
Pendant que nous remontions la route elle me dit qu'elle avait vu Tink voler au niveau de la cime des arbres et qu'elle était restée à ce niveau jusqu'à ce qu'elle la perde de vue.
Il faisait complètement noir, j'étais très en colère contre moi-même. Je disais à tout le monde que la ligne devait toujours être attachée à la ceinture.
Je pensais que le poids de la bobine était suffisant alors que le matin même j'avais eu la preuve que non et au lieu de m'en inquiéter, j'avais été bêtement fier d'elle.
La bobine aurait dû être attachée à mon sac à dos.
Joy pris une bonne photo de Tink qu'elle avait sur son portable afin d'imprimer des affiches en couleurs puis nous nous sommes couchés tôt.

Souriez, demain sera pire !!

kétile

#2
28 décembre 2007


Nous nous sommes réveillés à 4h du matin. Nous avions fait 100 affiches et flyers avec la photo de Tinkerbell.
A ce stade, j'étais très inquiet mais j'étais sûr de la retrouver.
Nous avons repris la route du pavillon dans un brouillard épais. Je devais m'arrêter tout les 400m pour enlever la buée de mes lunettes. Il faisait très froid aussi.
Je repensais à l'enchainement des évènements.
Nous sommes arrivés au pavillon au lever du jour. Comme c'était l'endroit d'où elle s'était échappée, nous pensions devoir commencer par là au cas où elle serait revenue.

Quand j'étais avec Tink dans la forêt, la veille, Joy entendait clairement ses cris à plus de 45m, nous espérions la localiser grâce à ses cris.
Quelques jours plus tôt, ce magnifique paysage était si agréable à regarder. Aujourd'hui, la même vue m'oppressait.
J'appelais Tink et nous attendions, les oreilles attentives à une éventuelle réponse de sa part.
Je pensais qu'il nous fallait plus d'yeux et d'oreilles pour nos recherches.
Le pavillon a été le premier endroit où nous avons mis une affiche avec la photo de Tink.

La veille au soir, elle s'était envolée vers le nord. Si elle était passée derrière la ligne de crète, elle serait à JUCHIH.
Nous avons descendu la route en silence en nous arrêtant souvent pour appeler et écouter si elle répondait.
J'avais des photos de Tink que je montrais aux villeageois rencontrés sur la route. Je résumais au maximum le récit de la perte de Tink.
J'avais du mal à regarder ces vieilles photos pendant que je racontais encore et encore mon histoire aux quelques personnes croisées sur la route.
Je leur demandais d'en parler à leurs amis et leur laissais des flyers avec la photo de Tink et le numéro de téléphone de YU.

Nous posions des affiches aux endroits clés, aux carrefours, dans les écoles, au poste de police où on m'assura qu'un maximum de gens seraient prévenus.
En d'autres occasions, j'aurais apprécié ces magnifiques montagnes mais la vue de ces immenses vallées et de ces épaisses forêts me faisait réaliser l'ampleur des recherches.
Cette zone était assez vaste et accidentée pour cacher une demi-douzaine de BenLaden et dix bataillons de forces spéciales cherchant BenLaden... et moi, je tentais de localiser une boule de plumes grises.

Nous conduisions sur les routes principales mais l'essentiel de la zone était impossible à atteindre.
Je jouais une énorme partie d'échecs avec les Dieux eux-mêmes.
Des questions revenaient sans arrêt.
Restions-nous arrêtés assez longtemps pour lui laisser le temps de répondre ?
Perdions-nous notre temps dans une zone où elle n'était pas ?
Avions-nous parlé aux bonnes personnes ?
Quelle surface était-il raisonnable de couvrir ?

Il commence à faire plus chaud, nous enlevons nos blousons... et nos pulls puis plus tard, dans l'après-midi, nous remettons nos pulls, puis nos blousons.
Il était temps de récolter les centaines de kakis brillants d'un bel orange. Je savais que Tink ne mourrait pas de faim.
Son harnais avait été fait par YU, j'étais confiant dans le fait qu'elle parvienne à se débarrasser du simple lacet et dans le cas contraire, la très courte laisse ne devrait pas s'emmêler.
Je suis angoissé, quand à la fin du jour, nous devons rentrer.
La confiance que j'avais au début diminue à mesure que l'ampleur des recherches augmente. 
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#3
29 décembre 2007


Nous nous étions couchés tôt la veille comme les autres jours et nous sommes arrivés tôt au pavillon.
Je pensais qu'il fallait que j'abandonne les routes principales pour prendre les plus petites qui descendaient dans la vallée.
Joy resta au pavillon.

Je prends la première route secondaire en direction de l'envol de Tinkerbell. Le chemin grimpe à près de 40%.
Je dois descendre de moto et marcher. Le chemin mène à une immense propriété privée. Le gardien se radoucit quand je lui explique pourquoi je suis là.
Du bord de la propriété, je peux voir au loin le pavillon. Je vois aussi le sommet vers lequel il se peut que Tink se soit envolée. La petite vallée entre les deux est impénétrable.
J'appelle. J'attends. J'appelle. J'espère presque que Tink ne réponde pas et vole directement vers moi.
Je vois deux énormes aigles glisser très haut dans le ciel mais le plus effrayant est le plané silencieux d'un troisième rapace à dix mètres au dessus de moi. Son ombre me croise sur le sol.

Je rentre au pavillon. Joy me montre deux petites plumes grises que Tink a perdu l'autre jour avant de s'envoler. Ça et le bouton qu'elle avait arraché de ma chemise.

Puis, M. et Mme YU arrivèrent au pavillon. C'était la première fois qu'ils y venaient.
Ils réalisèrent à cet instant la taille des recherches. Puis ils s'en allèrent.

Avec Joy, nous prenons la moto et nous descendons une fois de plus la route, nous arrêtant pour appeler, parlant à plus de gens, distribuant plus de flyers et posant plus d'affiches.
Nous descendons presque toute la montagne.
Je remarque une petite route dans laquelle je tourne. Elle mène à de nouveaux hameaux et à de nouvelles personnes à renseigner.
Puis, nous tournons dans un autre chemin et à ma grande surprise, nous voilà au bord d'une autre immense vallée.

Je ne peux pas m'arrêter à toutes les maisons. Je laisse mon feeling me guider.
Je m'arrête quand je vois un groupe de gens près d'une assez grande cage. Et là, je vois la plus belle paire de Formose Blue Magpies.
(Le FBM est un oiseau magnifique de la famille des corbeaux. C'est une espèce endémique des montagnes de Taïwan. Il fait environ 65cm dont 40cm de queue.
Sa tête, son cou et sa poitrine sont noirs, ses yeux jaunes, son bec et ses pattes rouges. Le reste de son plumage va d'un riche bleu foncé au violet. Il a aussi des marques blanches sur les ailes et la queue.)

Un des hommes a un appareil photo et essaye de prendre des photos en disant que la lumière est mauvaise et les oiseaux agités et qu'il ne peut pas faire une seule image convenable.
Les FBM sont des oiseaux protégés... mais je voulais l'aide du fermier... et si je pouvais posséder des FBM légalement, je les aurais.
Je montre des photos de Tink au fermier. Il me dit qu'il avait l'habitude de laisser ses FBM dehors en liberté mais qu'après qu'ils aient attaqué deux petits enfants du coin, il avait arrêté.
Joy, avec sa permission, prend de bonnes photos des FBM.
Je lui demande alors la permission de m'approcher. Il me dit qu'ils n'aiment pas les étrangers et qu'ils vont réagir violemment.
Je commence à parler doucement aux oiseaux, leur disant comme je les admire et que je voulais être leur ami.
Alors, lentement, je m'approche. Eux restent calmement posés sur leur perchoir en me regardant avec intérêt.
Après ça, le fermier des FBM est beaucoup plus amical, il me dit que personne ne les a approché d'aussi près sans qu'ils ne paniquent.

Je sentais qu'il était une personne clé, avec une certaine connaissance des oiseaux et donc susceptible d'être tenu au courant de la présence d'un gris dans les parages.
Nous avons parlé de techniques d'entrainement. Je lui expliquai brièvement le principe du clicker training et il fut d'accord pour admettre que c'était quand même mieux que les sévères diètes imposées par le passé pour dresser les oiseaux.

Nous nous sommes quittés dans le respect mutuel.
Il commençait à faire nuit.
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#4
30 décembre 2007


Nous sommes repartis très tôt au pavillon.
Les aigles effrayants tournoient toujours au dessus de nos têtes.
A force de tenter d'entendre les cris de Tink, nous commençons à connaitre les chants des oiseaux locaux.
Nous avons appris à reconnaitre bon nombre d'entre eux. Tant leur cris que leur façon de voler.
J'espérais que ce grand nombre d'oiseaux signifiait que les aigles n'étaient pas si rapides que je le craignais.
Je savais que Tink pouvait voler plus vite que ces oiseaux. Son agilité et son habileté en vol pouvaient laisser penser qu'elle avait passé les premiers jours.

En plus de l'appeler, d'écouter, de coller des affiches et de parler aux gens, je m'arrête aux temples pour prier en faveur d'un retour rapide de Tinkerbell.
J'ai prié tous les Dieux dans ces temples pour Tink. J'aurais vendu mon âme au diable pour la retrouver.

Les recherches commencent à devenir abrutissantes. Plus nous couvrons de terrain, plus il y a de terrain à couvrir.
Je décide de descendre dans la vallée de BanTienYen par les petits chemins.
Tandis que je m'arrête pour frapper aux portes, le fait que de plus en plus de gens soient au courant m'encourage un peu.
Nous sommes invités à manger ou à prendre le thé mais nous devons refuser, à regret.
Tous promettent de passer le mot.
C'est une communauté si soudée que personne ne pourrait garder un gris incognito.

Le soir tombait.
Maintenant mon espoir s'épuisait à mesure que le cercle s'agrandissait.
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#5
31 décembre 2007


Le dernier jour de cette année là.
Tous mes plans avant que Tink ne s'échappe étaient changés.
Nous avons quitté la maison de YU un peu plus tard dans la journée.

Joy a besoin d'une paire de gants chauds. Nous traversons CHIAYI city quand elle voit un magasin susceptible de vendre des gants.
Pendant qu'elle va chercher ça, je remarque dans la boutique voisine des cages ainsi que des oiseaux et notamment des shamas.
Je descends de ma moto pour aller parler au vendeur visiblement ravi que je m'intéresse à ses oiseaux.
Il a une énorme surprise quand je lui montre des photos de Yingshiong (un des oiseaux de Shanlung dont je vous traduirai peut-être l'histoire  :icon_cool: ) volant dans la maison et posé sur moi.
Je lui parle de Tink, lui montre les photos et lui explique combien elle compte pour nous.
Après avoir gagné sa sympathie, il me dit qu'il est un honorable membre de la "bird society" de la région.
Il me dit également que Tink a pu être capturée et revendue à une oisellerie.
Il promet de mettre toutes les oiselleries du coin au courant de l'histoire de Tink et que si un gris était vendu dans les parages, M. YU serait contacté immédiatement.

Nous sommes retournés une énième fois au pavillon, nous sommes repassés aux mêmes endroits clés et à d'autres.
Je devenais quelqu'un de familier pour les habitants.
Ils sentaient que mes efforts étaient futiles tant la zone était vaste et je sentais qu'ils étaient touchés par ce que je tentais.

Il m'était impossible de faire ce que nous avions initialement prévu pour ces vacances. Je devais tout faire pour retrouver Tinkerbell.

En début d'après-midi, j'ai un appel de M. YU. Un étudiant dit avoir vu Tink. Je me sens si léger soudain qu'enfin quelqu'un l'ai vu.
Nous nous rendons jusqu'à la ville de FANLU où se trouve l'école secondaire.

L'étudiant disait avoir vu Tink près de la route principale en direction de BanTienYen, à dix heure le matin même et que quand il était repassé à 15h, Tink était toujours là.
C'est alors qu'il était allé à l'école et avait vu notre affiche.
Si seulement il l'avait vu plus tôt ce matin là.
Joy et moi étions passés plus tôt à cet endroit. Nous ne l'avions pas vu mais nous ne nous attendions pas à la voir et n'avons pas levé la tête pour la chercher à cet endroit précis.
Nous pensions que Tink était au nord de Juchih et BanTienYen était à l'est du pavillon et beaucoup plus bas.

Pendant que nous sommes avec l'étudiant, il nous fait remarquer des pigeons des bois locaux ou de petits oiseaux. Sa crédibilité est en train de faiblir.
Nous nous sommes arrêtés pour appeler Tink, pas de réponse.

Il commençait à se faire tard. C'était le dernier jour de l'année.
Nos amis, à Chiayi, s'inquiétaient pour nous.
J'aurais préféré que YU soit en colère contre moi pour avoir perdu sa Tinkerbell.

J'aurais pu éviter tout ça.
Au lieu de ça YU et sa famille essayaient de nous remonter le moral.
J'aurais voulu que la terre s'ouvre et m'engloutisse.
   
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#6
1er janvier 2008


J'ai une nouvelle énergie ce matin là. Je dois continuer les recherches.
Nous devions aller voir un bon ami de Joy mais les circonstances ayant changé, Joy irait seule et m'excuserait.

Je ne peux ignorer cette soi-disant observation de l'étudiant. Je retourne donc à l'endroit indiqué la veille pour appeler, écouter... et espérer.
Je crains que si Tink est descendue si bas, elle peut aller encore beaucoup plus loin.
J'essaye de ne plus penser à ça. Je parle à toujours plus de gens et colle toujours plus d'affiches.

Puis, je retourne plus au nord. A l'endroit où Tink pourrait être si le jeune homme s'était trompé.
Peut-être Tink m'entend elle et reste silencieuse.

J'avais emmené Tink plusieurs fois près de ces grandes statues de bronze représentant la déesse KuanYin et je pensais que Tink pourrait éventuellement reconnaitre la zone grâce à elles.
Mes appels : "Tinkerbell, viens... viens... viens", couvraient les prières des gens présents, je le regrettais sincèrement sans leur dire.

J'appelais, j'attendais, j'appelais... jusqu'à ce qu'il fasse nuit.
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#7
2 janvier 2008


Ma femme et moi retournons à BanTienYen.
Les gens du coin commencent à nous connaitre. Ils nous invitent à nous reposer ou à prendre le thé.
Pour moi, les recherches commencent à se transformer en expiation.
Par ma stupidité et mon ignorance, j'étais arrivé à ce résultat.

Aujourd'hui, je me dis que Tink est peut-être morte. Je me sens comme en pèlerinage dans cet endroit magnifique habité par son âme.
Je veux connaitre les coins et les recoins, les arbres, les oiseaux et les fleurs de ce lieu.

Le matin du 2ème jour des recherches, le 29 décembre, j'ai fait un rêve : je voyais Tink dans son harnais rouge, en haut d'un arbre. Je l'appelais et elle venait directement sur mon épaule me grignoter gentiment l'oreille. Je me souviens m'être réveillé, content, puis rendormi aussitôt.
Un autre rêve a immédiatement suivi : Tink volait vers moi puis planait devant moi, comme suspendue dans les airs. C'était très étrange : la tête était bien celle de Tink mais le corps, à partir du cou, était violet.
La joie ressentie dans le rêve précédent laissa place à une intense tristesse.
C'est alors que je me suis réveillé, ces deux rêves très clairs dans ma mémoire.
Ma tristesse était encore plus grande que celle ressentie lorsque j'avais du quitter Taïwan et Tinkerbell quatre ans plus tôt.

Le soir du 29 décembre, M. YU me dit qu'il allait consulter une médium renommée qui allait contacter l'esprit de la déesse KuanYin.
Cette médium était très respectée pour l'exactitude de ses visions lorsqu'elle était en transe.
Je demandai à être présent.

Quand l'Esprit vint, M. YU témoigna du contexte dans lequel j'avais perdu Tink et demanda si les recherches seraient couronnées de succès.
La médium répondit que mon amour pour Tink était évident mais que "YUEN FEN TSE TAU TSER LI" pour Tinkerbell et moi. Les forces karmiques qui liaient ma vie à celle de Tink avaient pris fin. Je devais me rappeler des moments magiques que nous avions connus ensemble et aller de l'avant.
Je refusai silencieusement d'accepter ça. Je devais faire mon possible pour la retrouver.
Je refusais d'abandonner les recherches à cause des mots de la déesse. Par ma stupidité, j'avais mis Tink dans cette situation.

Pourtant, aujourd'hui, je commençais à accepter que Tink était peut-être morte.
Nous étions dans une des plus belle partie du monde et nous connaissions maintenant cet endroit aussi bien que ceux qui vivaient ici leur vie entière.
Les gens connaissaient mon histoire d'amour avec Tink, ils savaient les visites que je lui rendais année après année après année.
Je sentais que de ces recherches je garderai un souvenir poignant de cette belle région et de ses habitants.

Alors, quelqu'un nous parla d'une femme qui vivait dans un village au pied de BanTienYen et qui possédait une magnifique grise.
Elle l'avait depuis un an. Elle avait entendu parler de nos recherches et vu les affiches.
Elle promit d'en parler à son cercle de connaissances.

Tous ceux que nous rencontrions nous faisaient cette promesse.

Souriez, demain sera pire !!

kétile

#8
3 janvier 2008


Ce n'est pas facile de commencer les recherches ce jour là. Je sais qu'elles vont bientôt prendre fin.
M. YU est désolé. Au lieu d'apprécier nos vacances à Taïwan, nous avons cherché Tinkerbell encore et encore.
Je lui dit que c'est notre souhait, nous ne voulons rien d'autre sinon continuer à la chercher.
C'est notre avant-dernier jour de recherche.

Nous sommes remontés au pavillon. Nous avons appelé, attendu, écouté, puis nous avons bougé et recommencé à appeler...
Nous sommes redescendus jusqu'au pied de la montagne.

Nous avons revu la femme qui possédait la grise. Elle nous présente un vieil homme qui possède également deux gris.
Ses perroquets sont effrayés par tous les étrangers et se jettent au fond de la cage.
Je tente de les calmer en leur parlant doucement et ils acceptent que je marche lentement vers eux.
Le vieux monsieur est très étonné et ravi. Puis nous parlons, de l'exceptionnelle intelligence des gris. Je le renseigne aussi sur le régime alimentaire de Tinkerbell.
Nous ne pouvons pas quitter sa maison sans accepter son invitation à déjeuner.

Ensuite, nous sommes repassés encore et encore dans la zone des temples de BanTienYen jusqu'au pied de la montagne et aussi loin que possible.
Nous repassons devant l'endroit où nous avons vu Tink s'envoler la dernière fois.
Les aigles nous survolent de nouveau. Plus tôt, des villageois nous avaient dit qu'ils étaient six, deux familles d'après eux. Ils faisaient naturellement partie du paysage.

L'après-midi est bien avancée, nous faisons demi-tour.
Nous passons devant la maison du fermiers aux Formosans bleus, il se rue dehors pour nous arrêter.
Je l'aime bien, j'imagine que c'est un salut de courtoisie comme il est peu probable que nous nous revoyons. Je veux aussi lui dire au revoir.
C'est alors qu'il m'explique qu'il était en train de prendre le thé avec un ami, la veille à BanTienYen, et que celui-ci lui a raconté une étrange histoire.
Il nous propose d'aller immédiatement voir cet ami avant de voir qu'il faisait déjà sombre.
Alors, il nous donne la direction, le numéro de téléphone et le nom de son ami. Cela pouvait être un témoignage important même s'il datait de quelques jours.

Nous avons redescendu la montagne dans l'obscurité mais pour la première fois depuis longtemps, la lumière revenait dans nos vies.
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#9
4 janvier 2008


Après quelques recherches, nous avons trouvé l'homme qui avait pris le thé avec le fermier aux Formosans bleus.
Il nous confirma ce qu'il avait vu quelques jours plus tôt. Il était dans la maison lorsqu'il avait entendu un vacarme venant du poulailler.
Il regarda alors par la fenêtre et vit ce qu'il pensa d'abord être un gros faucon à la forme bizarre. Il trouva étrange que ce faucon soit descendu si bas dans la vallée car normalement on les voyait plutôt à plus haute altitude, dans la zone du pavillon. Il sortit dans le jardin pour voir le faucon s'envoler.
Je lui montre les photos de Tink, il me dit qu'il n'est pas sûr mais que ce dont il est certain, c'est que la queue de l'oiseau qu'il a vu ce jour là était rouge et... il n'y a pas d'oiseau local ayant une queue rouge dans les montagnes de Taïwan.
Nous avons su, alors, qu'il avait vu Tink. C'était le 31 décembre 2007.

Nous savions maintenant que Tink avait survécu aux trois premiers jours que je considérais comme les plus dangereux.
Du coup, le témoignage de l'étudiant redevenait crédible.
Je me demandais ce qui se serait passé si j'étais passé par là ce jour là et si j'avais su plus tôt que Tink était à BanTienYen.
Je ne sais pas bien lire le chinois et je ne sus que plus tard que le temple de BanTienYen était aussi nommé "le temple du nuage violet".

Nous nous sommes promenés dans les environs, appelant et écoutant.
Je regarde les kakis. Certains sont encore sur les arbres mais la plupart sont par terre.
Un en particulier attire mon attention, avec une grosse marque de morsure en forme de V.

Le rêve que j'avais fait le 29 décembre, deuxième jour des recherches, pouvait m'avoir été envoyé par les Dieux de ce temple.
Le corps de Tink était violet, je n'avais pas su reconnaitre ce signe et ainsi, raté la chance de la retrouver.
C'est là que nos chemins karmiques s'étaient séparés.

Que se serait-il passé si j'avais compris le message des dieux ?
Que se serait-il passé si nous avions quitté le pavillon une minute avant que le camion ne passe ?
Que se serait-il passé si j'avais attaché la ligne de Tink comme je le faisais toujours ?
Que se serait-il passé si Tink avait été sur mon épaule plutôt que sur son perchoir sur le banc du pavillon au moment où le camion est passé ?
Que se serait-il passé si l'étudiant avait vu notre affiche AVANT de voir Tink et pas après ?
Que se serait-il passé si j'avais ignoré la direction prise par Tink lors de son envol pour me concentrer sur la zone de BanTienYen ?

Nous sommes restés là, à l'appeler. Nous sommes partis dans l'après-midi.
Tous les gens du coin avaient entendu parler de nos recherches et souhaitaient nous voir réunis.
J'avais tout mis en œuvre pour que Tink soit rendue à M. YU si elle était retrouvée.

Tinkerbell vit dans une région magnifique remplie de vergers aux fruits variés.

Je savais maintenant que pour Tink et moi, en effet, "Yuen Fen Tse Tan Tser Li" (nos chemins karmiques s'étaient séparés) , j'espérais qu'il n'en était pas de même pour YU.

Souriez, demain sera pire !!

kétile

#10
5 janvier 2008


Ce matin, nous sommes tous allés à TAICHONG pour le mariage du fils ainé de M. HSU, un bon ami.
La-bas, Mme LEOW, la femme d'un fermier, nous dit nous avoir vu à moto non loin de ses vergers et nous avoir entendu appeler Tinkerbell.
Je ne me doutais pas de l'étendue de la zone couverte. Cette femme vivait dans le voisinage de la deuxième ville, au-delà du pied de la montagne du petit pavillon.




6 janvier 2008


J'ai persuadé M. YU d'accepter l'équivalent de 800 dollars en monnaie taïwanaise. Un gris du Gabon coûtait environ ce prix là à Taïwan.
Cet argent servirait au cas où Tink serait retrouvée et vendue à une oisellerie et qu'il faille la racheter.
Si cette somme ne servait pas à la récupérer, elle irait au temple ou n'importe où.
Si on ne retrouvait pas Tink et que YU voit un autre perroquet qui lui plaise, il pourrait aussi l'acheter.
Si Tink était retrouvée beaucoup plus tard, je participais ainsi aux frais engendrés par des recherches supplémentaires.

Après avoir fait encore quelques prières dans un temple, Joy et moi avons pris le TGV pour Taipei. Nous devions y voir un ami américain avec qui je devais discuter d'une éventuelle opportunité pour revenir travailler ici, à Taïwan.

J'ai également rappelé mon nouvel ami qui tenait l'oisellerie où j'avais vu les shamas, afin de lui demander si il avait bien diffusé mon histoire dans les autres oiselleries de CHIAYI. Il me dit qu'il avait non seulement renseigné toutes les boutiques d'oiseaux de CHIAYI mais aussi jusqu'à TOULIU au nord et TAINAN au sud. Il m'assura également qu'il continuerait à leur rappeler mon histoire dans les semaines et les mois à venir.

J'ai aussi tenté de contacter le journal télévisé régional de CHIAYI afin d'augmenter les chances de retrouver Tink mais je suppose qu'ils étaient plus intérressés par les frasque d'un garde du corps présidentiel avec une prostituée ou peut-être les journalistes étaient ils trop occupés à fêter ce début d'année. Toujours est-il que personne ne m'a rappelé.
A leur décharge, j'aurais dû simplement me présenter à leur bureau et raconter mon histoire plutôt que de passer par des intermédiaires, au risque de laisser croire que j'étais juste un homme qui avait acheté un perroquet quelques jours avant et qui venait de le perdre.

Je n'ai pas non plus immédiatement écrit sur les forums internationaux consacrés aux perroquets car aucun de vous n'aurait pu m'aider dans mes recherches même si je sais que beaucoup d'entre vous l'auraient souhaité.

J'aurais espéré retrouver Tink ou bien savoir qu'elle avait été retrouvée et rendue à YU avant d'écrire ces lignes.
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#11
9 Janvier 2008


J'ai commencé à écrire ces lignes le 7 Janvier à midi dans un café internet à Taipei, près de la gare et j'ai fini le 9 Janvier à 16h.
Ma femme Joy était avec moi et s'occupait de mettre en ligne toutes les photos et les vidéos de nos péripéties.
Vous pouvez voir sur ces photos l'immensité et la beauté de l'endroit où se trouve Tink.
(photos que vous pouvez voir dans le journal de Shanlung, au début, en cliquant sur le 1er lien qu'il donne puis sur "part 5: tinkerbell, lost and found"

Peut-être devraiS-je retourner à CHIAYI pour continuer les recherches mais j'ai déjà mis en place un large réseau d'yeux et d'oreilles pour la retrouver.
Je sens que ma présence physique à CHIAYI ne serait plus d'une grande utilité... et puis j'ai besoin d'une petite période de récupération après avoir fini d'écrire cela.
Je suis moralement et aussi physiquement épuisé. Même après quelques jours mes muscles me font toujours souffrir, ce qui ne m'aide pas à trouver le sommeil.

Je suis ravagé. Je l'ai perduE. Je me sens si mal pour YU et sa famille et pour tous nos amis de CHIAYI qui l'aimaient.
Et aussi pour vous tous, vous qui suiviez son histoire depuis qu'elle était entrée dans ma vie.
L'histoire de ma Tinkerbell et moi était peut-être trop belle pour durer indéfiniment mais jamais je n'aurais imaginé qu'elle finirait ainsi.

Pour ceux d'entre vous qui me connaissent au travers de forums consacrés aux perroquets, je ne pense pas y revenir avant que Tink ait été retrouvée.
Je pense même ne jamais ré-écrire sur un de ces forums. Je tiendrai simplement mon journal sur ce blog où tous vos commentaires seront appréciés.

A tous mes amis de par le monde : S'il vous plait, ayez une pensée pour le bien-être de Tinkerbell et pour son éventuel retour chez YU.
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#12
16 janvier 2008


Hourrah !!! Tinkerbell est de retour dans la famille YU
Je viens juste de recevoir un e-mail de Mei-Mei, la petite fille de YU et je l'ai immédiatement appelé au téléphone.

Merci à tous pour votre soutien.

Tinkerbell a été trouvée par une famille à BanTienYen ce matin. Ils se sont rappelés de nos affiches et de nos cris lorsque nous l'appelions encore et encore.
Ils ont pu joindre YU et cette épouvantable Tink est de retour dans sa famille.
Elle a eu droit exceptionnellement à son plat favori: Des nouilles frites au boeuf (seulement les nouilles)

J'ai bien envie de reprendre un avion immédiatement pour Taïwan, juste pour lui infliger la réprimande du siècle.

La lumière est de retour dans ma vie.
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#13
29 janvier 2008


Lorsque j'ai appris son retour dans la famille YU le 16 janvier dernier, j'espérais pouvoir découvrir en détail comment elle avait été retrouvée.
Pourtant, il semblerait que tout ne peut pas être su.

La dernière fois que j'ai parlé au téléphone avec YU, c'était le 25 janvier.
Ce jour là, j'ai aussi fini par joindre mon nouvel ami, dans l'oisellerie duquel j'avais vu les shamas à  CHIAYI. Jusqu'à présent, j'étais tombé sur son répondeur et je voulais lui annoncer de vive voix que Tinkerbell avait été retrouvée et le remercier de ses efforts.
J'ai aussi prévenu le propriétaire du magasin d'articles de pêche qui connaissait Tink depuis longtemps.
Ils ont tous été enchantés de cette nouvelle et je leur ai dit que la prochaine fois que je viendrai à CHIAYI, je viendrai les voir avec Tink.

Maintenant qu'elle est rentrée, nous avons décidé avec YU de ce qu'il fallait surtout ne plus jamais faire bien que je ne pense pas qu'il puisse lui arriver la même chose qu'à moi. J'adore ces montagnes et ces forêts et je les connais plus que lui bien qu'il ait vécu toute sa vie à CHIAYI. Il ne connaissait même pas l'existence du petit pavillon avant que je ne l'y emmène. Il ne serait jamais venu avec Tink dans ce genre d'endroit.

J'ai mis les gens en garde tellement de fois : il faut toujours attacher la ligne reliée au harnais à sa ceinture ou ailleurs... et je n'ai pas jugé utile d'appliquer moi-même cette règle de sécurité primordiale alors que je savais depuis le matin de ce jour là que Tink pouvait voler malgré le poids de la bobine et du bambou auquel celle-ci était attachée.
Ce bambou servait aussi de "perchoir de voyage". Quand nous nous promenions à pied, la ligne était toujours attachée à ma ceinture mais lorsque nous nous arrêtions un moment, la bobine/perchoir était simplement posée sur la table afin que Tink puisse s'y percher.
Nous savons maintenant qu'il ne faut pas le refaire et au cas où le bambou servirait de perchoir, un sac de 2kg y serait dorénavant attaché.
Et... Oui !  Dans le futur, Tink continuera à être sortie par la famille YU avec son harnais et sa laisse.

Maintenant, remontons le temps jusqu'au soir du 16 janvier.
Il m'est impossible de décrire ce que je ressentais avant qu'elle ne revienne. La profondeur du désespoir et l'affreux sentiment de solitude, la douleur lancinante et l'angoisse que je pensais pourtant ne jamais pouvoir oublier. Ce qui est sûr c'est que je ne souhaite ça à personne, pas même à mon pire ennemi.
Lorsque nous sommes rentrés à Brisbane, je savais que je ne pourrai pas aller travailler ce lundi 15 janvier, je les ai appelés pour leur dire que j'étais malade. C'était une maladie de l'âme. J'ai passé deux jours à la maison, sans que rien de ce que j'aimais auparavant ne vienne adoucir ma peine.
Je savais que YU m'avait pardonné depuis le premier jour mon impardonnable erreur. Lui et tous mes amis essayaient en vain de me remonter le moral.
Après avoir écrit l'histoire de la perte de Tink, j'avais le cœur tellement gros. Je n'avais pas réalisé que vous m'aviez vous aussi pardonné et que vous espériez simplement son retour.
Je vous remercie pour tous vos messages réconfortants pendant ces moments de désespoir. J'étais complètement à vif et incapable de me pardonner moi-même.

Puis, ce soir du 16 janvier, j'ai reçu le mail de MeiMei, la petite fille de YU. J'ai cliqué dessus.
Je parle couramment le chinois mais je ne le lis que très mal. Je connaissais cependant assez de "mots-clé" en chinois pour comprendre que c'était une bonne nouvelle. Son "YAA" résonne encore dans ma tête.
Ce mail de MeiMei que je ne pouvais pourtant pas comprendre exactement, m'a guéri instantanément.
Ce fut alors à mon tour de hurler à ma femme de venir immédiatement.
Je lui ai fait lire, lire et relire le message afin de savourer encore et encore la nouvelle.
Son mail commençait ainsi : "Je viens t'annoncer une belle surprise. Ce matin, maman est allée à MIAOLI (une ville à 200km au nord de CHIAYI) pour prier pour le retour de Tink. C'est là-bas qu'elle a reçu un appel d'une dame lui disant qu'un oiseau qui ressemblait à Tink avait été trouvé à BanTienYen."
Elle finissait en disant que Tink était rentrée à la maison et que mon cœur pouvait être en paix vu que les dieux avaient cessé leur mauvaise plaisanterie.
J'avais pris 10 ans pendant la fugue de Tink, le mail de MeiMei m'en a repris 9.
J'ai alors appelé YU pour entendre la nouvelle de sa bouche. Je ne devais pas être très cohérent dans mes propos mais j'étais de nouveau en paix avec moi-même et amoureux de la vie.
Ensuite, j'ai écrit une petite note pour vous prévenir, vous tous à travers le monde qui attendiez son retour...
Souriez, demain sera pire !!

kétile

#14
30 janvier 2008


Je n'ai quasiment pas pu dormir pendant la nuit suivant la nouvelle, des vagues de joie irrationnelle me submergeaient.

J'avais eu si peur que Tink descende de plus en plus bas, bien en dessous de BanTienYen, vers les vastes plaines, hors d'atteinte du réseau d'yeux et d'oreilles que j'avais mis en place.
Depuis que Tink avait été retrouvée je ne pouvais m'empêcher de penser que nous avions perdu du temps en allant la chercher jusqu'à JUCHIH.
La seule rencontre utile faite là-bas fut celle du fermier aux pies bleus de Formosan (Formosan blue magpies) dont l'ami avait donné le premier témoignage crédible indiquant que Tink était toujours en vie après les premiers jours passés dehors.

J'ai rappelé YU le lendemain de la bonne nouvelle pour avoir le numéro de téléphone de la dame (Mme C) qui l'avait appelé afin de la remercier personnellement.
Je voulais aussi connaitre tous les détails du retour de Tink.
Il y a 2h de décalage horaire entre Taïwan et Brisbane. Je pensais qu'il fallait mieux que j'appelle le soir et YU devait appeler Mme C avant, pour la prévenir de mon appel.

Mme C me dit qu'elle vivait actuellement dans le hameau de TAOYUAN, dans le district de JUCHIH.
Elle était venue le 16 janvier au matin rendre visite à son ancien patron et ami à BanTienYen. C'est chez lui qu'elle avait vu Tink dans une cage.
Tink avait été vue en train d'essayer de manger la nourriture des poule de son ami et comme ils avaient un chien, ils ont eu peur pour la sécurité de Tink et l'ont rentrée et mis dans une cage.
Mme C a reconnu Tink qu'elle avait vue sur une affiche que son grand-père lui avait donnée fin décembre.
Après en avoir discuté avec son ami, Mme C avait appelé YU.
Il y avait beaucoup de questions sans réponse, à commencer par celle-ci : comment l'avaient ils attrapée ? Mme C ne le savait pas.

En fait, notre passage à JUCHIH n'avait pas été vain comme je me l'étais imaginé.
Je me souviens de ce vieil homme, près de JUCHIH, qui se promenait. Je l'avais approché pour lui raconter mon histoire et lui donner une affiche qu'il avait pris sans un mot avant de tourner les talons.
Après tous les gens que nous avions rencontrés et à qui nous avions parlé, c'était ce vieil homme silencieux, dans une zone éloignée, qui était à l'origine du retour de Tink.

MeiMei m'a renvoyé un mail pour me dire que Tink était redevenue elle même. Elle était effrayée et distante pendant les deux premiers jours suivants son retour.
J'ai encore rappelé YU pour essayer d'en savoir plus.
Tout ce qu'il savait c'est que lorsque Tink avait été rattrapée, elle portait toujours son harnais rouge. Cette famille l'avait emmenée le jour même chez un véto de CHIAYI qui l'avait coupé afin de lui enlever. (J'ai eu un choc en m'apercevant que je n'avais pas contacté les vétérinaires de CHIAYI pendant les recherches.)
Quelque-chose d'autre me tracassait. La ligne avait été coupée très près du harnais et Tink aurait du pouvoir se débarrasser facilement de celui-ci, ce qu'elle n'avait pas fait.
J'essayai d'avoir le numéro de téléphone de la famille qui avait retrouvée Tink afin d'avoir plus de détails mais à cette époque, le jour de l'an chinois approchait à grands pas et YU m'avisa que ce n'était peut-être pas très approprié de les appeler.
Tink était de retour et c'était l'essentiel.

Je pensais que Tinkerbell avait été retrouvée dans un village près de BanTienYen ou près du temple, je fus surpris d'apprendre qu'elle avait été trouvée dans un endroit très proche du petit pavillon où tout avait commencé.
Soit elle ne s'était pas éloignée de cette zone, soit elle y était revenue malgré les rapaces.
Peut-être espérait elle aussi me retrouver.

Je vais retourner à Taïwan, je remercierai Mme C à nouveau et j'irai voir cette famille pour les remercier également et peut-être, connaitre enfin tous les détails.
Souriez, demain sera pire !!

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