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Un peu d'histoire et triste réalité du présent...

Démarré par zebulon, 20 Juillet 2008 à 23:11:52

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zebulon

Les PSITTACIDà‰S dans la Caraïbe

Christophe Colomb fut autrefois fort impressionné par les perroquets des Antilles lors de ses voyages sur chacune des îles visitées. Cependant ses récits relataient plus des différentes utilisations qu'en faisaient les Indiens d'Amérique qu'ils n'en faisaient une description précise.

Extrait des planches illustrées originales parue dans "Histoire générale des Antilles habitées par les François" du Révérend Père Du Tertre.

A l'opposé l'aventurier génois De Cuneo, qui accompagna Christophe Colomb lors de son second voyage, témoigna en premier de l'usage de ces oiseaux en tant que denrées alimentaires, et donna une idée de leur grande diversité quand il décrivit "3 espèces de perroquets de taille et de couleurs différentes sur toutes les îles ... où j'ai été" (Morison 1963). Les îles mentionnées ici étant : la Guadeloupe, Hispaniola, Cuba, la Jamaïque et peut-être Puerto-Rico ; les 3 types de psittacidés semblaient être :

- des aras (Ara)

- des perroquets (Amazona)

- des perruches (Aratinga).

Ses remarques suggérèrent que chacune des îles possédaient un représentant de chacun de ces genres.

Malheureusement, au cours des deux siècles suivants aucun spécimen n'ayant été collecté et très peu de dessins réalisés, les descriptions écrites de la vie de ces oiseaux manquaient pour la plupart de détails. De plus quand les premiers naturalistes débarquèrent aux Antilles, plusieurs espèces de perroquets avaient déjà  disparu.

De surcroît, il n'y a aucune façon de savoir à  quoi ces espèces ressemblaient, ni combien d'espèces existaient alors. Parmi ces naturalistes on compte les Pères Du Tertre et Labat qui laissèrent les meilleures descriptions de ces oiseaux bien qu'ils ne considèrent que certaines îles des Petites Antilles. En effet ni l'un ni l'autre n'ont indiqué à  combien d'îles ils se référaient bien que l'on puisse présumer qu'il s'agissait des îles occupées par les Français : dans les années 1650, ces derniers étaient établis en Guadeloupe, en Dominique, en Martinique, mais occupaient également d'autres îles comme Sainte-Lucie ou Grenade. Mais tout comme De Cuneo, ils attestent de l'extraordinaire variété de psittacines qu'abritaient autrefois les Antilles.

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Extrait des planches illustrées originales parue dans "Histoire générale des Antilles habitées par les François" du Révérend Père Du Tertre.[/align:2mniw7r5]

Une autre lacune des premières descriptions de perroquets - en plus d'être fragmentaires - réside dans le fait que sur certains points, elles sont rendues confuses par l'utilisation répandue des perroquets comme animaux de compagnie et comme monnaie d'échange par les Européens, par les Indiens avec eux et par les Indiens entre eux.

Toutes les espèces d'Aras qui habitaient les Grandes et les Petites Antilles sont aujourd'hui éteintes et les 17 espèces encore présentes à  l'heure actuelle vivent en Amérique du Sud et en Amérique Centrale. Plusieurs de ces espèces sont en grand danger et disparaissent inexorablement.

Nul ne sait combien d'espèces ont autrefois habité les Antilles. Il est pour l'instant admis qu'il en existait 6 ou 7 espèces.

Si beaucoup d'espèces sont éteintes depuis des siècles, des spécimens d'une seule espèce ont pu être capturé : L'Ara de Cuba (Ara tricolor). Cette espèce au plumage or, jaune, rouge et bleu a survécu jusqu'à  la fin des années 1800 quand Gundlach a collecté quelques spécimens.

D'après Greenway (1958), sa disparition tout comme celle des autres aras, était apparemment due à  la chasse et à  leur capture afin d'en faire des animaux domestiques.

Outre Cuba, parmi les îles ayant abrité des aras, on trouve :

- La Jamaïque sur laquelle vivaient deux espèces d'aras :

    # L'Ara gossei (Rothschild 1905) : une espèce rouge et bleue semblable à  l'Ara de Cuba mais avec un front jaune au lieu de rouge et avec un peu de jaune sur la queue. Les caractéristiques et l'identification de cette espèce sont incertaines.

    # L'Ara erythrocephala était apparemment très proche sinon identique à  l'Ara militaris ou l'Ara ambigua.

- Hispaniola sur laquelle vivait une espèce à  laquelle aucun nom n'a été attribué et qui ressemblait à  l'Ara tricolor.

- La Martinique où vivait une espèce endémique, l'Ara martinica.

    # Cette espèce a été décrite assez brièvement par Rothschil d'après quelques lignes du Père Jacques Breton dans sa "Relation de l'Establissement des François depuis 1635 en île de la Martinique" (1640) - comme ayant le dessus du corps et de la tête bleu roi, le dessous du cou et le ventre rouge vif. Une description par ailleurs très proche de celle de l'Ara arauna du continent sud américain (Clark 1905c).

    # Une autre espèce d'ara aurait peut-être vécu en Martinique : Rochefort (1558) a décrit une espèce d'ara pour les Antilles avec "la tête, le dos et les ailes jaunes pâles et la queue entièrement rouge" et une autre espèce avec "un plumage constitué d'un mélange de rouge, de blanc, de bleu, de vert, et de noir". Aucune de ces descriptions ne se rapprochant d'aucune des espèces connues des Antilles ou d'Amérique Centrale ou du Sud, il est possible qu'une des espèces de Rochefort ait résidé en Martinique, mais n'est que pure hypothèse.

- En Dominique existait l'Ara atwoodii dont les caractéristiques sont encore incertaines.

- Enfin la Guadeloupe, qui abritait l'Ara de Guadeloupe Ara guadeloupensis.
Il apparaît en fait qu'il y a eu en fin de compte 2 invasions principales des Antilles par les Aras rouges :
1) Une invasion de Cuba, venant du Yucatà¡n, par l'Ara macao, l'Ara chloroptera ou leur ancêtre commun, donnant naissance à  l'Ara tricolor et à  son tour à  l'Ara gossei de la Jamaïque ainsi qu'à  l'Ara "sans nom" d'Hispaniola. D'autre part, une première migration a eu lieu en Jamaïque à  partir de la pointe Honduro-Nicaraguaïenne donnant naissance à  l'Ara gossei suivi par les colonisations successives de Cuba et d'Hispaniola.
2) Une invasion des Petites Antilles venant de l'Amérique du Sud par l'Ara macao donnant naissance à  l'Ara guadeloupensis et probablement à  d'autres espèces sur d'autres îles.

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Spécimen d'Ara tricolor[/align:2mniw7r5]

Le GENRE AMAZONA

Parmi les trois genres de psittacidés, le genre Amazona est celui le plus représenté dans la faune originelle des Antilles. Douze espèces ont vraisemblablement habité les Antilles dont neuf survivent encore de nos jours. La plupart de ces survivants sont cependant menacés d'extinction essentiellement à  cause de divers impacts liés aux activités humaines.
Les trois espèces éteintes résidaient toutes aux Petites Antilles :

    - L'Amazona martinica était une espèce endémique de la Martinique qui s'est éteinte au cours du XVIIIème siècle. Il était apparemment semblable à  l'Amazona arausiaca de la Dominique et à  l'Amazona versicolor de Sainte-Lucie : Son plumage était, d'après A.H Clark (1905) entièrement vert à  l'exception de quelques plumes rouges aux ailes, à  la queue et sous la gorge et du dessus de sa tête couleur ardoise avec un peu de rouge.

    - Sur l'île de Grenade, une espèce d'amazone semble avoir vécu mais n'a cependant jamais fait l'objet d'une description détaillée selon le Père Du Tertre (1667) elle était de grande taille.

    - Sur l'île de Culebra existait une sous espèce du Perroquet de Porto Rico : l'Amazona vittata gracilipes.

    - L'Amazona violacea sur l'île de la Guadeloupe.

Le GENRE ARATINGA

Les perroquets du genre Aratinga sont proches de leurs cousins du genre Ara avec lesquels ils partagent la même physiologie générale et ne diffèrent que par l'absence de pommettes nues.

Les espèces du genre Aratinga des Antilles dérivent probablement de deux invasions distinctes des Grandes Antilles :

    - l'une via le Yucatan.

    - l'autre via la péninsule honduro-nicaraguaïenne.

Il semble également possible que certaines espèces, à  l'exception d'Aratinga nana, dérivent d'ancêtres d'Amérique du Sud via les Petites Antilles (Marion et Koopman 1955).

Les Antilles ont probablement abrité huit espèces natives d'Aratinga dont 3 espèces survivent encore aujourd'hui :

    - L'Aratinga euops de Cuba.

    - L'Aratinga chloroptera de Saint Domingue (Hispaniola).

    - L'Aratinga nana de la Jamaïque.

Parmi les espèces éteintes on compte :

    - L'Aratinga maugei qui vivait autrefois sur les îles de Puerto Rico et de Mona et dont le dernier specimen s'est éteint dans les années 1890.

    - L'Aratinga labati endémique à  l'île de la Guadeloupe décrit par les Pères Du Tertre et Labat.

Il semble que des espèces bien distinctes aient existé en Dominique, en Martinique ainsi qu'en Barbade (Clark 1905). Bien que les causes de leur extinction ne soient pas clairement établies, on peut présumé que la chasse ait contribué à  la disparition de ces différentes espèces.



(Source : LAMECA)

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